Tabous et voleurs d’enfance

– Chut! Silence! garde ça pour toi, essaie d’oublier, ça va passer!

– Mais pourquoi?

– Parce que. C’est comme ça. Ça arrive.

– Mais pourquoi?

– Ça sert à rien d’en parler, je t’ai dit.

– Mais moi ça me fait mal, j’en ai mal au ventre, ça me fout les boules!

– Ça fait rien, endure ton mal, ça va finit par passer.

Presque 44 ans plus tard, rien n’est passé et la boule continue de s’enrouler dans l’estomac. Seul le silence veille sur la douleur de ces moments qu’il a fallu taire en secret, enfouis dans le cerveau reptilien. Nous étions des gamins, des gamines et notre enfance a été volée par ces mains d’hommes à la recherche de la douceur immature, de l’interdit, des parfums défendus, ceux de l’innocence.Tout le village a gardé la tête dans le sable : les parents, les épouses, les tantes comme les oncles qui n’en étaient pas, les grands-mères. Mes sœurs, mes cousines, mes voisines, mes frères, mes cousins, mes voisins, ont-ils eux aussi  gardé le silence? Combien parmi nous se sont fait abuser, un attouchement par ici, une menace par là, des doigts dans la culotte, une langue, une mauvaise haleine trop près du nez, une chute qui nous mène face contre terre, maintenu au sol ou à la banquette de la voiture; viens voir ici, assis toi sur ma cuisse, mets ta main ici serre moi fort; ne le dit pas sinon je ne te ramène pas à la maison, je te garde ici avec moi pour toujours… chut, tais-toi, je ne ferai pas mal, laisse toi faire.

Les abuseurs sexuels d’enfants ne s’exécutent pas seulement dans des pays émergents comme la Thaïlande, l’Afrique du Sud  (vidéo) ou le Brésil (attention cette vidéo montre des images violentes). Les villages de pays soit disant développés dont le Canada, la France, les États-Unis ont des histoires sordides qui sont étouffées faute de savoir comment s’en sortir.

Quelles solutions envisager afin de mettre à jour ces esprits tordus?
Quels mécanismes peut-on mettre en place pour faciliter la dénonciation anonyme de ces actes immondes?
Informez-vous d’abord, c’est votre devoir, en consultant le site de la Sureté du Québec sur les agressions à caractère sexuel et le Départament de la protection de la jeunesse pour signaler les enfants en situation d’abus ou de tout autre situation que vous considérez inquiétante.

Si vous êtes devenus adultes et que vous avez été victime d’agression, d’abus ou de violence sexuelle durant votre petite enfance, enfance, puberté ou adolescence sans l’avoir signalé ou en ayant gardé un silence qui vous fait mal, contactez un Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) ou un Centre d’aide de lutte aux agressions à caractère sexuelle (CALACS) de votre région. Un centre CALACS existe également à Ottawa

N’hésitez pas à partager. Votre histoire est importante. Vous êtes importants et importantes. Rappelez-vous que ce qui vous est arrivé ne définit pas qui vous êtes et que l’espoir d’un  meilleur avenir existe. Donnez-vous la main et avancer vers votre avenir pour chercher de l’aide et sortir du silence.

J’ai également découvert un site en anglais, pour ceux qui parlent cette langue, très intéressant : To Write Love on her Arm.

 

 

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