Une dernière ride

Mardi dernier, j’ai pris une ride d’auto le long du fleuve Saint-Laurent. J’ai commencé par me rendre à la pointe de Rivière-du-Loup avec un café Tim Horton, plutôt deux cafés : un pour moi et un pour maman. La marrée était entre deux, comme si elle ne savait pas où aller, quelle direction prendre… comme si elle se demandait si c’était le temps de monter ou le temps de descendre. Pour quelques instants, elle a décider de rester là, avec nous, d’attendre la suite et de voir comment les mouvements de la vie allaient se charger de l’emporter.


Après une courte marche le long de la plage, on a repris la route du fleuve, là où la vie change et les baleines, en faible nombre, luttent à leur façon contre les changements climatiques. On a traversé les routes bordées des champs de vaches et de cultures, des terrains vagues, des pancartes de maisons à vendre ou déjà vendues; on a traversé le village de Cacouna et continuer sur la 148. Maman adore les rides de char pour se balader et voir les différents paysages se transformer sous ses yeux. Le mouvement se trouve aussi a être le meilleur moyen pour aérer ses idées, voir plus clair et prendre de meilleures décisions.

J’ai conduit comme ça vers l’Isle-Verte et j’ai décidé de prendre la route vers Saint-Éloi, là où mon grand-père a resté une partie de sa vie avant son mariage avec Adriane et la venue de ses neuf enfants, maman étant un des ainées de sa fratrie. Saint-Éloi, un village silencieux qui cache sous ses draps des mains d’abuseurs, des mains de ‘poignant cul’ comme dit maman. D’ailleurs, ce n’est pas le seul village où les hommes se permettent tout ce qu’ils veulent de ce côté-là, certaines personnes, voire proies de ces hommes sans vergogne, préfèrent se terrer dans le silence en essayant de se convaincre que c’est du passé et qu’il faut absolument ne pas en parler. Comme maman a subi ses mêmes violences dans sa vie domestique, je me suis dit que ça valait la peine d’en parler pour elle. Est-ce que je vous ai dit que maman souffrait d’Alzheimer? Elle semble avoir préféré enterrer ses mauvais souvenirs et ses bons. Souvent, au début de sa maladie, elle me disait qu’elle avait travailler sur elle pour oublier ces terribles moments de sa vie qui la faisait souffrir et puis qu’elle était aller trop loin dans l’oubli, que sa mémoire basculée et avait décidé d’effacer tout son disque dur jusqu’à oublier le nom de ses enfants. Mais qu’est-ce qui est mieux, noyer sa peine dans l’oubli? ou l’étouffer dans plusieurs verres de scotch?

Vendredi 3 juin. Je suis arrivée à Chauffailles avec ma soeur B. Mom ne va pas bien. Tous ses enfants veillent sur elle durant les jours suivants. Le premier Lundi de Juin Maman est partie. Pour de bon cette fois-ci. Elle nous a quitté tranquillement, paisiblement dans un souffle court. Diagnostiquée en 2011 avec l’Alzheimer, j’ai eu a m’adapter à sa maladie, tout comme elle et les membres de ma fratrie. Cette maladie atteint 152121 personnes au Québec en ce moment. Un jour, quelque part en 2014, elle a oublié mon nom et les autres frères et sœurs. Je crois qu’elle reconnaissait mon énergie car elle me disait en souriant : » Ah! tu es arrivée!  » Tous les matins de cette semaine de visite familiale alors qu’elle habitait encore dans sa maison, elle me saluait ainsi. Puis est venue la période quand elle me rebaptisait quand je lui demandais si elle me reconnaissait. ‘Juliette’ ‘Jacqueline’ … Cécile, Lisette, Liza, tous les noms des personnes qui ont pris soins d’elle, l’ont aimé à leur manière.

Elle a séduit les cœurs des préposées.es et des infirmières.s, vers qui elle marchait pour garder la forme et le mouvement, elle aimait me pincer la joue et me sourire lors de mes visites au centre. Elle a survécu deux infections de covid-19 et trois périodes d’isolement en chsld dûs au covid. La dernière aura été fatale puisqu’elle ne pouvait plus marcher et garder ce mouvement de vie qui la maintenait.

Maman est partie. Mon cœur est serré d’émotions, peine, douleurs, vide, mon estomac a la nausée. Mon crâne veut éclater et se réfugier dans les bras de ma mère.

Pour me distraire, je regarde un couple de cardinal construire son nid devant ma fenêtre dans le chèvrefeuille. Pour me distraire, je vais longer la rivière outaouais avec maman qui adore se balader pour explorer le paysage et la nature. La vie continue.

Le Service funéraire est planifié par la maison Fleury et fils pour le Dimanche 19 juin de 11 h à 14 (exposition du corps) suivi d’une cérémonie au centre funéraire.

Aurevoir maman.

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Joyeuses Pâques

Source : Unslash 2022, photographie de Bee Felten-Leidel

En pleine journée de Pâques, je me souviens des cadeaux en chocolat reçus dans mon enfance. Le plus gros du plus gros des lapins qui m’eut été offert devait mesurer plus d’un pied et demi (50 cm) du haut de mes huit ans. Moi et ma petite sœur avions été invitées chez les Roy qui habitaient au 3e étage de la maison du coin dans mon village.

Nous n’allions jamais chez ces personnes, mais cette fois-ci, maman insistait pour que nous allions avec elle les visiter. Il fallait entrer par derrière et prendre l’escalier-qui-n’en-finissait-plus pour nous rendre chez ce vieux couple. Monsieur Arthur aimait maman en cachette et son invitation lui permettait de la voir et de l’apprécier Sans avoir à s’en cacher. Mme Arthur Roy aimait les enfants et, bien malheureuse de n’en avoir eu aucun, elle profitait de notre présence pour nous offrir toutes les sucreries désirées, bonbons caramel, biscuits à la guimauve enrobés de chocolat au lait, verre de lait, sucettes et cocos au chocolat.

La surprise de toute les surprise est venue quand M. et Mme Arthur nous ont fait entrer moi et ma sœur, avec ma mère qui nous suivait par derrière, dans un salon rarement ouvert aux visiteurs, parfumé à la rose et aux odeurs de meubles qui voient peu la lumière et encore moins le soleil. Un salon impeccable de propreté et d’aménagement. De vieux meubles polis, astiqués à la cire, des coussins de velours brodés des plus beaux fleurons de fils d’or. Au centre de la pièce, sur une table à thé vitrée et taillée, prônaient deux gros paquets bien emballés. Un pour moi, un pour ma petite sœur. Nos mains d’enfants ont vite saisi ces boites, les ont été déballées et d’immenses lapin en chocolat sont apparus devant nos yeux écarquillés d’enfants! Bien sur les remerciements et les sourires d’extase ont plu aux hôtes, mais surtout l’expression peinte sur nos visages les avaient surement enchantés davantage!

Les boites mauves et jaune sont restées emballées quelques jours, ni moi ni ma sœur n’osions manger ces géants. Puis petit à petit, le lapin rapetissait. Le mien en tout cas. Ne tenant plus à mon envie de goûter ce délice, j’ai commencé par les pieds, cachant officiellement à maman que j’avais goûter le lapin géant. Sans aucune doute, maman avait déjà deviné mon jeu et jouait avec moi en gardant le silence. Puis un jour, je lui ai dit que le lapin avait disparu, qu’il ne restait plus rien du chocolat ni du lapin!

 »Il reviendra l’année prochaine, ne t’en fais pas », m’avait-elle soufflé à l’oreille.

J’ai eu d’autres lapins, des écureuils, des poules, des cocos, mais jamais d’aussi géants! Merci M. et Mme Arthur.

source unsplash, 2022 – coco-tafoya

Joyeuses Pâques à tous!

Profitez bien de cette journée d’Ascension pour briller le meilleur de vous-même!

Cellost Challenge

Have you ever wonder if you could live without you cellular phone?

I am watching this video, cartoon made by Steeve Cutts, and can’t stop feeling the sadness as I realise the truth coming from this artist point of view.
People are lost into their cellular.

I am a celless person, i have thrown the technology away once i discovered how much stress it was bringing into my life. Always having to watch who has written to me, who is trying to contact me, who insults me, not to say who is stalking me, etc.
Of course, i kept tellling me that i don’t have to watch right away as soon as their is a notification appearing in the telephone. But tell me who is able to not check it out as soon as it comes in?

https://youtu.be/4yBrW0zG8y8


Do you think you can dare to live without you cellphone? Can you put it away for an hour? 
I challenge you to try to learn this new Habbit of leaving you cellular away everyday.
Start with half an hour away fron you cellphone and add and other half hour every 
next day until you can reach  half a day forevery day of a week without touching 
the beast.

Your votes on Fashion Industry and Pollution

Fashion industry is part of the pollution on Earth.

What are you ready to do to be part of the solution?

A) Recycle my clothing by knowing where it ends up

B) Stop buying clothes according to fashion

c) Buy only recycled clothes at second hand clothing stores

D) Nothing, not my business
E) A+B+C
F) Other (Write on comments what you choose to do)

Little white girl – part III

or
What’s the best about Senegaleese Culture?

Chapter IIs my White Colored Skin a cultural appropriation ?
Chapter II- Feeling black in a white body

-Na nga def? (How are you?)
Magnifii rekk, dieuerudieuf. (Well, thank you)



Photo by JD Mason on Unsplash

Slowly, after getting use to being a married woman, i discover that living with someone talking a language different than French or English was a challenge of its own. None the less, the whole culture!

My husband and i were used to invite friends over or go to Senegaleese friends for dinner. Although, i soon discover that inviting a couple transformed quickly into 20 people as it meant inviting the whole community that was present in this small city. When we were having Senegaleese diners with other Senegaleeses of the Community and with some French Canadian friends, most of them being the girlfriends of the male ones, the French Speakers soon started to feel unwelcomed since the only language spoken when having big discussions was Wolof.

Some French Quebekers friends came to me and asked me  »what’s the point of being part of the dinner if we are left outside of the conversion? ». From my own point of view, I tried to explain to them that probably the Senegaleeses were mostly happy to be able to talk to each other in their own language and not having to use the language of Colonisation. The answer back was quick :

 »If they don’t want to continue the French Colonisation, then why choosing to come to school in a French City in Canada? They could go anywhere in the world to study in any language they want! »

In order to find a solution, I decided to talk to my Husband, Zoome, to see what was his point of view on that matter.

Once i shared the main complain, Zoome quickly answered that we were not in any obligation to come to these dinners. It sounded all but politically correct as an answer to me. I asked him if he was serious about what he was saying, and for sure he was. What a deception. My message was not passing, since there was no good exit to this communication. No one was winning. But i kept at it. I am a resilient person in most difficulties i came to encounter in my life.

I decided to use other situations (let’s hear here, other parties, or dinners with people from different communities, some were from Maghred and from Latin America) to give him a better understanding of what was happening. I asked him how he would feel if some of the friends who invited him at parties would left him out of conversations where he was invited. Being hosted, yet feeling rejected because you could not exchange with anyone since he was not include in the discussions or jokes.
Mentionning the jokes aspect quickly made him understand my point of view. What’s a joke if no one understand its language or its metaphore? No public, No commun language, no public, no fun. We finaly agreed that from time to time, at the next dinners, he would translate the main topic of what the discussion was about so the hosted could at least follow up the conversations and be able to jump into it with their point of view if they wished to. So was the inclusion of the French Friends into the Senegaleese circles.

That topic was never talked about again because this is how it worked from now on and it worked well enough. Everyone was happier. And the hosts kepted inviting the Quebekers to dinners for Thieboudienne, the Yassa or Maffè. My favorite dish is the Thieb made with fish and prepared by the hands of someone who knows how to do it. I have received guidance for the special receipe, however i did not succeed in making it properly, or to appropriate the receipe to my own taste as i did for the Yassa for example that i prepare specially when i have my home garden tomatoes ripe and juicy.

If by the way you did not click just yet on those links above, please do so as it will reveal you the secrets ingredients of these marvelous meals. If you are looking for the spices, i can suggest you to look online for the African shops in your town and go for it. If looking for advise on how to use the spices, ask the casheer or even best, get some advise from a Senegaleese Friend or even better, invite a Senegaleese Friend to dinner or for some cooking lessons!

Now I am wondering how are youngers generations getting their information about that same topic,

They have not been into slavery, yet they claim it as of their roots

Qu’en pensez-vous?

Deuxième chance

par Standlin Saint-Hilaire
étudiant de 1ere année,
Programme de sécurité informatique
Collège La Cité, Ottawa

J’écris pour m’exprimer, pour me libérer le cœur

Il n’est pas bon d’avoir un cœur lourd

Ma vie est trop courte pour passer mon temps à haire,

On a juste le temps pour aimer.

Le bonheur dépend littéralement de l’attitude envers la vie.

Ma vie est très simple, alors je ne vais pas passer mon temps à la compliquer.

Dans la vie, il n’y a pas de deuxième chance, car une erreur est une erreur, mais de la répéter est un CHOIX

Si la vie décide de me donne une deuxième chance, je changerai pour ouvrir plus grand les yeux et l’esprit.

Ne perdez pas votre temps dans cette vie; on dit que le temps est gratuit, mais avoir le temps est coûteux.

Dans cette vie, on n’a pas de temps à perdre, faisons ce qu’on a à faire parce on est toujours libre de changer d’idée pour avoir un futur diffèrent.

Little White Girl

or Is my White Colored Skin a cultural appropriation ?

Part 1

Nowadays we’re having these debates on Cultural appropriation, talking about borrowing from a culture other then ours without asking permission. Questionning also about creating or wearing wigs looking like Caucasian or African hair styles. Fighting about wearing clothes or confectioning them using values and customs from people that usually wears it on their day to day life.  In fact, it’s about a ruling culture stealing from minority cultures their stories, their songs, their dance, their knowledge, their souls to transform them as the prevaling one, for the dominant one, into some other show or wealth that will be seen differently by the public because of their super power. Then if my culture, my wisdom is stolen, what is left?

What is apropriate, what is not? What is culture, what is not? What is freedom?
These are the questions.

What i am about to talk all happened before 1990, some 30 years ago.

IMG_2500I am born white colored skin in a small village in Quebec, Canada. Almost Everyone there are that same white skin beside some First Nation families from second of more generations. After all, this village, created in 1881, is part of the Malecites land and Nation that spread its paths from The Saint-Lawrence River up to New-Brunswick, Fundy Bay, Atlantic.

Lire la suite « Little White Girl »

Lettre à mon père

Aujourd’hui, papa est mort. Mort et installé au crématorium, mais toujours pleuré par ses enfants.

Tu as été pour moi un père protecteur à ta manière, un père silencieux qui aimait se raconter si je lui posais les bonnes questions, un homme simple, bon enfant, vaillant, loin de la tyrannie de pères de ces pays étrangers qui vivent pour protéger, sauvegarder l’honneur de la famille et qui tuent sans hésitation leurs femmes, leurs filles.

Je ne t’aurai jamais touché plus que lorsque tu étais sur ton lit de mort. Pour une fois, je savais que ta main ne toucherait pas, par inadvertance, une partie intime de mon corps. Tu fais partie de cette génération de ‘mononcle’ aux mains baladeuses qui profite de toutes les échancrures pour y glisser un doigt, une main, du moins c’est ma perception. Celle de mon corps de femme aujourd’hui, mais celui d’enfant autrefois qui se lie à celui de ma mère, à sa défense, aux scènes de vies quotidiennes où tu apparais dans nos vies, à l’occasion de tes retours de séjours dans les camps. Des scènes de cris de haine, de violence à travers les disputes; une claque, un mot, un poing sur la table, un trou dans un mur, chaque geste aussi regrettable qu’il soit, toujours parti trop vite pour atteindre une conjointe, quelqu’un ou quelque chose de près pour signaler la colère et provoquer les révoltes et les souffrances profondes chez l’autre. Si l’honneur était présente, c’était celle qui te collait à la peau, toi, l’homme en besoin de vie charnelle.  Ces mémoires douloureuses d’une époque malheureuse où tu devais te sentir tout aussi désespéré dans ton être que tu noyais dans l’alcool, sont aujourd’hui diluées par le temps et la vieillesse. Cette vieillesse, apaisée par la sobriété et nourrie de ta présence plus régulière auprès de tes enfants, tes petits-enfants, tout en étant éloignée de celle avec qui tu les auras conçus, est maintenant couchée de tout son long sur un lit d’hôpital. Toute blanche, comme les draps, ta jaquette, tes cheveux, ta peau où le sang s’est arrêté de circuler.

Nous étions présents, presque tous là, cinq enfants sur six. Les enfants officiels du moins. Car il est possible que tu ais eu des enfants avec d’autres femmes du village ou des villages des alentours. Rien n’a été déclaré en ce sens jusqu’à maintenant. Toi non plus tu n’avais rien officialisé à ce sujet. J’ai appris que c’est une procédure légale mise en place lors des décès de personnes afin de voir si un autre testament existe, si d’autres familles cachées dans un autre ville ou village ont pu être créées à l’insu de la famille officielle. Personne ne veut parler ouvertement de ces enfants fabriqués dans les lits d’autres femmes, les amantes en panne d’amour, les cœurs esseulés et peut-être abandonnés par la trahison d’une épouse, d’un mari parti en voir une autre. Comment peut-on vivre avec ces secrets? Toi seul le sauras, car tu ne l’auras confié à personne. Et nous, nous attendons la fin de la recherche officielle.

Quand le médecin nous a informé qu’il serait préférable de t’enlever l’oxygène, personne autour de moi, moi incluse, ne semblait comprendre exactement ce que cela voulait dire. Dans ma tête, c’était impossible que mon père nous quitte, lui si grand, si fort et à la fois si silencieux. Les propos du médecin tournaient dans ma tête et engourdissaient mon corps, ces mots savants insensés, sans conclusion sur le mal qui t’habitait. Tu ne pouvais pas mourir puisque tu n’avais pas de maladie, pas de virus ni même un rhume. Ce sera la vieillesse qui aura eu raison de ton corps, de ton souffle, des battements de ton cœur. Nous t’avons accompagné vers la mort, accrochés à ta respiration, aux machines dont les chiffres ont commencé à baisser et à sonner irrégulièrement, puis comme toi, à s’éteindre dans l’éclat de nos larmes exprimant notre douleur.

Tu es le dernier de ta fratrie à quitter le monde des vivants. Ta sœur Alice, partie d’un mal similaire au tien, a quitté un peu plus tôt cette même année. Elle avait 95 ans. Vos départs soulignent la fin d’une génération de personnes ayant connu la vie sans moteur, sans auto, sans voiture électrique, sans télévision, sans Internet, sans robot, sans téléphone fixe à la maison, sans la pilule anticonceptionnelle, sans l’avortement légal, sans l’école obligatoire jusqu’à 16 ans mais les écoles de rang pour le primaire. Ces dernières années, lors de nos rencontres père-fille, tu soulignais l’envol vers l’Au-delà de tes amis du village, de tes beaux-frères, et tentais tant bien que mal de m’expliquer la solitude, le vide que ces adieux forcés créaient autour de toi. Tu sentais s’élever une clôture invisible qui t’isolait des autres vivants alors que tu aurais aimé partir avec tes amis sur le chemin de la mort. La vie n’avait plus de goût, mais tu devais attendre la venue naturelle de la grande faucheuse.

Tu auras mordu dans la vie, couru les bois, connu les différentes essences des arbres et appris les meilleures techniques pour les couper selon leur grosseur et leur hauteur. Tu auras couru le petit gibier et les gros. Les lièvres et les femmes. Elles, tu les aimais toutes, mais n’avais malheureusement de respect pour aucune. Du moins, c’est ce qui me semblait. Aucune sauf peut-être pour celle qui t’aura accueilli dans son foyer, son noyau familial, pour la dernière décennie de ta vie, la cadette de tes enfants.

 

Photographie à la une
Camp de bûcherons à Ferry Bank, Oromocto, N.-B.
Vers 1897, 19e siècle
21.1 x 27.2 cm
Don de George I. Higgins Estate
1964.147L
Cet artefact appartient au : © Musée du Nouveau-Brunswick

Petites bêtes pas si bêtes

filho aut2017Comme  moi, vous êtes propriétaire de chiens et autres animaux domestiques? Alors vous connaissez comment le bonheur de recevoir une petite bête de poils, le plus souvent en bas âge, comme membre à part entière de la famille, oblitère les autres défis qu’elle sous-tend. Dans mon cas, j’avais jusqu’à il y a deux mois, deux chiens, Missy et Filho, jusqu’au départ de ce dernier en mi-août 2018, et trois cockatiels, Tèti, Peeshee et Coka. Le départ de Filho, aussi appelé The Buddha Dog, (voir aussi Buddha dog 2) a créé bien des remous et j’ai décidé d’écrire ce billet en sa mémoire.

La présence bénéfique d’un animal domestique

Le bien-être qu’apporte une petite boule de poil pour sa famille humaine est extrêmement important. Outre l’apport de l’exercice physique lors des sorties quotidiennes dont elle a besoin pour se développer sainement, l’amour inconditionnel qu’elle donne en nous accueillant chaque jour au retour du travail et les éclats de rire qu’elle entraine lorsqu’elle joue, elle offre également la protection des voleurs (dans mon cas, Filho était le surveillant absolue) lorsqu’elle aboie la nuit pour signaler une présence dans la cours arrière ou devant la maison. Lors des sorties extérieures, la socialisation de l’animal a aussi des bénéfices sur la socialisation de la maîtresse qui entre en contact avec de nouvelles personnes ayant des chiens ou celles voulant profiter d’un chien à caresser le temps d’une minute parce qu’on le trouve mignon et adorable. La bête amie permet, par ailleurs, aux personnes vivant avec différentes complications de santé physique ou mentale de mieux canaliser leurs émotions et de se sentir accompagnées lors de moments plus difficiles. Bien entrainée et certifiée, elle peut même aller jusqu’à sauver la vie de sa maitresse en appuyant sur un bouton d’alarme. Les règlements de certification sont différentes selon les provinces canadiennes, alors il faut s’informer correctement auprès des services concernés.

Les défis
Les défis rencontrés avec la présence d’une animal se présentent sous différentes formes. Parmi les plus importants rencontrés nous retrouvons les responsabilités touchant aussi l’éducation et l’entretien de la maison, les soins à donner aux animaux ainsi que l’alimentation.  Avoir un animal domestique exige beaucoup de temps et d’argent.
Je nomme ici l’entretien supplémentaire dans la maison causé par les poils ou les plumes lors des deux mues saisonnière, l’apprentissage à être propre et à demander la porte pour les besoins excrémenteux, les vomissures à l’occasion, les salissures des murs et des planchers au retour d’une marche sous la pluie, dans la boue et les feuilles mortes des automnes canadiens.  J’allais oublier l’irritation de voir ses chaussures préférées détruites et les bas de murs ou de meubles rongés par l’ennui, sans parler des divans déchirés, signe d’un manque d’exercice ou d’une anxiété de séparation. Si pitou et minou aiment dormir sur les sofas, alors le nettoyage des meubles s’ajoutent en dépense d’énergie!

Les coûts engendrés lorsqu’on décide de prendre un animal domestique ne sont pas à sous-estimer non plus. Les visites annuelles chez le vétérinaire pour les vaccins, les tests sanguins pour la désormais locale maladie de Lyme, les vers du cœur, les médicaments annuels contre ces maladies et les urgences sont obligatoires et créent des coûts importants qu’il ne faut pas négliger.
Dans le cas de mon chien Filho, outre les autres dépenses annuelles habituelles (en moyenne 350$ par année), trois autres visites chez le vétérinaire (nouveau vétérinaire francophone pour mes animaux depuis 2018 – avant j’allais à l’hôpital pour animal sur Saint-Laurent à Ottawa avec un service en anglais) logeant sur le boulevard de la Montagne à Hull m’en a couté 300$ avec les médicaments. Deux visites d’urgence initiale  à la clinique vétérinaire d’Alta Vista à Ottawa m’ont couté 3000$.  Ce dernier montant résulte d’ailleurs d’une négociation des services, tests et médications qu’on voulait donner au chien sans savoir vraiment ce qu’il avait. Dans les deux cas de services vétérinaires, l’assistant vétérinaire m’a demandé de raconter les raisons de ma visite, histoire que j’ai ensuite répétée aux vétérinaires car ils m’ont demandé de raconter les symptômes de mon chien sans pourtant faire son examen physique complet. C’est ainsi que l’occasion de voir que le chien avait subi une morsure profonde sur l’épaule et dans l’œil gauche par un autre chien a été ratée. La blessure a été découverte à la 4e visite seulement et c’est parce que je croyais qu’il développait une autre plaie de type dermatite que l’attention a été portée sur cette blessure. Bref, mon chien Filho est parti un dimanche après-midi en mi-août. Son coeur a arrêté de battre sous ma main. Mon amie K. et moi l’avons accompagné dans son dernier souffle, son dernier voyage terrestre. Aucun des deux centres vétérinaires n’ont fait de suivi avec la santé de mon chien. Tous les résultats de  tests complétés sont revenus négatifs. Dans les deux cas, comme propriétaire de chiens, je ne suis pas satisfaite des services reçus pour le prix payé et je devrai me chercher un nouveau vétérinaire pour 2019. Il va sans dire que les vétérinaires offrent des services qui varient, alors il est valable de magasiner un bon vétérinaire en qui vous aurez confiance, avec qui vous vous sentirez à l’aise de discuter ouvertement et où les prix seront non exorbitants.

Pour vous donner une idée supplémentaire du système vétérinaire canadien, voici les frais indiqués par différents appels placés suite au décès de mon chien. Dans ma recherche d’un lieu de crémation pour le corps de mon chien, j’ai contacté un autre hôpital d’urgence pour animaux, le Animal Emergency and specialty hostipal  qui me chargeait 500$. Une tentative de parler avec le vétérinaire francophone a échoué, le message que j’ai laissé a été peine perdue. Il m’avait parlé initialement de 350$ comme frais de crémation et transport. J’ai finalement trouvé la SPCA de Gatineau où j’ai pu recevoir d’excellents services pour une crémation à moins de 100$ en transportant moi-même le corps de mon chien et où les frais de crémation dépendent du poids de l’animal.

Un autre frais important à considérer c’est la qualité de la nourriture et les à-cotés, gâteries, jouets, etc. La grosseur de la bête vous donnera un indice de la grosseur du sac à vous procurer chez les spécialistes de l’alimentation des animaux domestiques. Ce créneau permet un chiffre d’affaires alléchant puisque, selon Statistique Canada lors de l’enquête sur les dépenses des ménages de 2015, un ménage canadien dépense pour chaque animal une moyenne de 590$ et qu’il existe 8,8 millions de chats et 7,6 millions de chiens dans les foyers canadiens (ACMV, 2018). L’alimentation maison peut être envisagée si vous êtes un bon nutritionniste et savez assurer une alimentation équilibrée pour vos bêtes.

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Le départ précipité

En temps normal, l’animal domestique vivra, on l’espère, le plus longtemps possible tout en s’imaginant mal la vraie fin. Celle-ci peut nous conduire chez le vétérinaire pour une dernière intervention (euthanasie) limitant la souffrance de notre ami malade ou arrivée par accident. Plus l’animal est gros, plus l’espérance de vie est courte. Pour Filho, je me disais qu’il partirait vers l’âge de 11 ans puisqu’il était de grand taille. Missy, de taille moyenne, partira vers 14 ou 15 ans si tout va bien. Mes cockatiels, quant à eux, peuvent vivre juqu’à 40 ans si l’on s’occupe bien d’eux, mais en moyenne 25 ans semblent plus probable.
Dans la réalité, la mort frappe souvent de bien différente façon et lorsqu’elle cogne, elle n’attend pas que vous lui ouvriez la porte : elle précipite le départ d’un animal de manière fulgurante. Quelque soit la grosseur de votre compagnon, la mort laisse pourtant toujours le même vide une fois l’animal parti au paradis des animaux. Le deuil est aussi important dans ce cas et il faut respecter les étapes nécessaires qui aideront à libérer les émotions humaines. D’abord la négation – (je refuse de croire que c’est vrai) puis les émotions : colère, tristesse, incompréhension, ennui, culpabilité. Une fois celles-ci libérées, vient l’étape d’acceptation où graduellement durant les semaines qui suivent, selon son rythme, on accepte le départ et le vide. Dans ma petite histoire du deuil de mon chien, je dois désormais vivre avec un oiseau qui a appris à le nommer. En effet, durant la période où mon chien était malade, mon cockatiel mâle a appris à dire  »Filho ». Depuis, même si Filho est parti, le cockatiel continue de l’appeler par son nom. C’est plus difficile ainsi de l’oublier, mais tout un exploit de lui avoir enseigner un nouveau mot si vite. Enfin, la dernière étape elle celle qui nous mène à penser à adopter un nouveau compagnon à quatre pattes ou à se concentrer sur ceux qui restent dans mon cas.

J’ai eu Filho pendant 8 ans et demi. Il est arrivé chez moi un jour après Noël 2009 alors qu’il s’appelait Scooter; j’ai agi comme foyer d’accueil pour lui les premiers jours parce que comme chien reçu en cadeau à Noël, les propriétaires n’ont pas su quoi faire avec et sont allés le déposer dans un refuge par où je m’adonnais à passer pour y laisser mon chien quelques jours en gardiennage. Une semaine plus tard, je savais qu’il resterait parmi nous et qu’il avait trouver son foyer jusqu’à la fin de sa vie. Vers l’âge de trois mois, j’ai changé son nom pour Filho parce qu’il aimait voler les steaks sur le comptoir et vider la boite de recyclage sur le tapis de la cuisine. Un Filou! que je me disais. Nous avons vécu de belles histories ensemble. Il a eu une bonne vie avec moi et Missy, sa grande sœur. Il va nous manquer. Amen.