
En pleine journée de Pâques, je me souviens des cadeaux en chocolat reçus dans mon enfance. Le plus gros du plus gros des lapins qui m’eut été offert devait mesurer plus d’un pied et demi (50 cm) du haut de mes huit ans. Moi et ma petite sœur avions été invitées chez les Roy qui habitaient au 3e étage de la maison du coin dans mon village.
Nous n’allions jamais chez ces personnes, mais cette fois-ci, maman insistait pour que nous allions avec elle les visiter. Il fallait entrer par derrière et prendre l’escalier-qui-n’en-finissait-plus pour nous rendre chez ce vieux couple. Monsieur Arthur aimait maman en cachette et son invitation lui permettait de la voir et de l’apprécier Sans avoir à s’en cacher. Mme Arthur Roy aimait les enfants et, bien malheureuse de n’en avoir eu aucun, elle profitait de notre présence pour nous offrir toutes les sucreries désirées, bonbons caramel, biscuits à la guimauve enrobés de chocolat au lait, verre de lait, sucettes et cocos au chocolat.
La surprise de toute les surprise est venue quand M. et Mme Arthur nous ont fait entrer moi et ma sœur, avec ma mère qui nous suivait par derrière, dans un salon rarement ouvert aux visiteurs, parfumé à la rose et aux odeurs de meubles qui voient peu la lumière et encore moins le soleil. Un salon impeccable de propreté et d’aménagement. De vieux meubles polis, astiqués à la cire, des coussins de velours brodés des plus beaux fleurons de fils d’or. Au centre de la pièce, sur une table à thé vitrée et taillée, prônaient deux gros paquets bien emballés. Un pour moi, un pour ma petite sœur. Nos mains d’enfants ont vite saisi ces boites, les ont été déballées et d’immenses lapin en chocolat sont apparus devant nos yeux écarquillés d’enfants! Bien sur les remerciements et les sourires d’extase ont plu aux hôtes, mais surtout l’expression peinte sur nos visages les avaient surement enchantés davantage!
Les boites mauves et jaune sont restées emballées quelques jours, ni moi ni ma sœur n’osions manger ces géants. Puis petit à petit, le lapin rapetissait. Le mien en tout cas. Ne tenant plus à mon envie de goûter ce délice, j’ai commencé par les pieds, cachant officiellement à maman que j’avais goûter le lapin géant. Sans aucune doute, maman avait déjà deviné mon jeu et jouait avec moi en gardant le silence. Puis un jour, je lui ai dit que le lapin avait disparu, qu’il ne restait plus rien du chocolat ni du lapin!
»Il reviendra l’année prochaine, ne t’en fais pas », m’avait-elle soufflé à l’oreille.
J’ai eu d’autres lapins, des écureuils, des poules, des cocos, mais jamais d’aussi géants! Merci M. et Mme Arthur.
Joyeuses Pâques à tous!
Profitez bien de cette journée d’Ascension pour briller le meilleur de vous-même!